Le
colonel Mamadou Ndala, commandant des opérations militaires contre les ADF-Nalu
dans le territoire de Beni, est mort ce jeudi 2 janvier 2013, dans une embuscade
dans un village appelé Ngadi, à quelques kilomètres de la ville de Beni. Selon
des sources officielles[1],
l'embuscade qui a couté la vie au colonel et à quelques membres de son escorte
est le fait des rebelles ougandais de l'ADF-Nalu, que le colonel s'apprêtait à
combattre. Mais, d'autres sources penchent sur la piste d'un assassinat
commandité par ses frères d'armes[2].
La nouvelle de sa mort a occasionné un choc terrible dans la
ville de Goma. Les habitants de Goma ont accueilli la novelle avec indignation,
stupéfaction et colère. Une psychose terrible a régné dans la ville pendant
toute la journée. Des folles rumeurs courent dans la ville sur la théorie du
complot ou de la complicité de certaines autorités et/ou frères d’armes du feu colonel
Mamadou. Quelques personnes sont descendues dans la rue et ont brulé des pneus
sur les artères principales de la ville de Goma, avant d’être dispersées par la
police et l’armée. Quelqu’un m’a confié que les rwandais et des congolais
rwandophones de Goma seraient menacés, car des rumeurs attribueraient la
responsabilité de la tragique mort de Mamadou aux militaires rwandophones issus
de l’ex-CNDP et membre du régiment FARDC qui contrôlerait le village où la jeep
du colonel a été attaquée. En tout cas, cet après midi, la ville de Goma était
au bord de l’explosion[3].
Pour comprendre l’exaspération des habitants de Goma suite à
la mort du colonel Mamadou Ndala, il faut revenir sur la guerre contre la rébellion
du M23 dont Mamadou était le commandant des opérations.
1.
Le colonel Mamadou Ndala, champion
de la guerre contre le M23 et héro des habitants de Goma, si pas de toute la
RDC
Avant le retrait du
M23 de la ville de Goma qu’il avait prise aux FARDC en novembre 2012, le colonel
Mamadou Ndala était inconnu des chroniques du conflit armé de l’est de la RDC.
En décembre 2012, son unité, le 41e bataillon commando de réaction
rapide (URR), est déployée à Goma pour sécuriser la ville abandonnée par le M23.
La population de Goma découvre alors un jeune officier patriote[4]
et déterminé à en découdre avec la rébellion. Très rapidement son unité en
première ligne sur le front contre le M23 enregistre des victoires sur la
rébellion, qui est finalement défaite militairement par l’armée congolaise
appuyée par la brigade d’intervention de la MONUSCO.
Le colonel Mamadou, commandant des opérations contre le M23,
est alors considéré non seulement comme le sauveur de Goma, mais comme le patriote
et le héro qui a vaincu le M23 et restaurer la fierté du peuple congolais face
au mythe de la suprématie de l’armée rwandaise qui opérait en RDC par le M23
interposé. Les habitants de Goma lui vouent une admiration messianique. Ses
troupes bénéficient d’un soutien indéfectible de la population tout au long des
combats contre le M23. Des taximan motards les accompagnent au front, leur
apportent de l’eau et évacuent parfois des blessés. A chaque victoire, le
colonel Mamadou ne sait pas se frayer un passage pour rentrer à Goma tellement
des foules se massaientt sur les routes pour l’accueillir triomphalement.
En juillet 2013, Goma s’embrase : des motards, des
étudiants, des épouses des militaires, … sont descendus dans la rue suite aux
rumeurs faisant état du rappel du colonel Mamadou Ndala à Kinshasa[5].
Les autorités ont été obligées d’utiliser la force pour stopper les
manifestants et de démentir officiellement le rappel du colonel. Goma n’a juré
alors que par Mamadou pour en finir avec le M23 et lui a voué un soutien
indéfectible. Et le colonel a été à la hauteur de la confiance des Gomatraciens ;
le M23 a été défait.
La campagne contre le M23 terminée, Goma a un héro :
Mamadou Moustapha Ndala. Lorsque Kabila arrive dans la ville, Mamadou doit s’éclipser
au passage pour ne pas lui voler la vedette.
2.
Opération contre l’ADF-Nalu :
Mamadou Ndala, un patriote qui défie fermement la rébellion ougandaise
Après la campagne contre le M23, le gouvernement de la RDC et
la MONUSCO ont décidé d’anéantir tous les autres groupes armés du Nord-Kivu,
dont des groupes armés étrangers : ADF-Nalu et FDLR. Ces groupes
commettent des graves exactions contre les civils et constituent un vrai bâton
dans les roues pour la consolidation de la paix dans l’est de la RDC.
Récemment, une vingtaine des personnes ont été brutalement tuées par des
membres de l’ADF-Nalu, un groupe armé ougandais actif dans le territoire de
Beni au Nord-Kivu et proche des islamistes somalien d’Al Shabab. Face à la
proximité de la menace des ADF-Nalu contre la population, c’est la colonel
Mamadou Ndala qui est envoyé en opération pour les anéantir.
Pendant que le territoire de Beni était sur le point de découvrir
les exploits de ce jeune et brave officier de l’armée congolaise, le colonel
Mamadou Ndala a été lâchement tué par une roquette tirée sur sa jeep ce jeudi 2
janvier 2014. Les combats contre les ADF-Nalu n’avaient pas encore commencé
comme tel, que l’armée, sous le commandement du colonel Mamadou, avait infligé
aux rebelles quelques défaites[6].
Le colonel s’est fait le devoir de poursuivre jusqu’au dernier homme les
ADF-Nalu et de les traduire en justice face aux exactions qu’ils commettent
contre les civils[7].
3.
Mort loin de Goma, le colonel
Mamadou est pleuré en digne fils par les habitants de Goma ; ils veulent
un coupable …
La jeep du colonel Mamadou en feu |
J’étais au centre ville de Goma lorsque la nouvelle sur la
mort de Mamadou est tombée. Les gens se la murmuraient encore à l’oreille avant
sa confirmation officielle. Dans un coin de Goma où l’ont vend des téléphones d’occasion,
de passage j’ai ouï-dire les gens qui partageait la nouvelle : « c’est
vrai, il est mort … Mais un coup pareil ne peut que résulter d’un complot
impliquant la haute sphère politique et de l’armée … ». A quelques mètres
de là, devant une alimentation, une femme m’a confié qu’elle venait acheter des
provisions pour sa famille, car la nouvelle sur la mort de Mamadou risque d’entrainer
des troubles dans la ville. Quelqu’un expliquait à un groupe des gens qu’au
Rwanda ça doit être la fête car la bête noire des rwandais vient d’être
éliminée, … En bref, des spéculations sur la mort de Mamadou étaient le
principal sujet des conversations à Goma tout l’après midi de ce jeudi 2
janvier 2014.
Les gens à Goma pleurent Mamadou Ndala, mais se demandent
surtout pourquoi il a été tué et qui l’a tué. Si officiellement ce sont les
éléments de l’ADF-Nalu qui sont responsables, les rumeurs à Goma penchent
tantôt sur la jalousie au sein de l’armée, tantôt sur l’exécution d’un ordre de
Kinshasa, tantôt sur un plan de Kigali exécuté par ses agents qui ont infiltré
l’armée. Des extrémistes s’en seraient pris aux rwandais et rwandophones. La
police et l’armée étaient en alerte maximale ce jeudi pour empêcher des
dérapages. En attendant peut être une enquête officielle, Goma elle aurait
choisi (désigné) ses coupables. Plaise
au ciel que certaines ardeurs ne dérapent !
[4] Plusieurs officiers responsables des opérations contre le M23 étaient
jusqu’alors issus des groupes armés dont l’ex-CNDP et étaient considérés comme
des traitres de mèche avec le M23 et le Rwanda, et donc responsables de l’échec
de l’armée contre la rébellion.
[5] http://radiookapi.net/actualite/2013/07/18/le-commandant-des-operations-des-fardc-goma-nest-pas-rappele-kinshasa-selon-julien-paluku/
. A Goma, les gens considéraient que certaines autorité à Kinshasa étaient
derrière le M23 et ne voulaient pas en finir avec la guerre. D’où elles en
voudraient à Mamadou qui avait affiché publiquement et sur le front sa détermination à en finir
avec la rébellion.
[6] http://radiookapi.net/actualite/2014/01/02/rdc-le-colonel-mamadou-ndala-tue-dans-une-embuscade-beni/
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