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jeudi 2 janvier 2014

Mort du colonel Mamadou Ndala : Goma entre indignation et colère pleure son héro




Le colonel Mamadou Ndala, commandant des opérations militaires contre les ADF-Nalu dans le territoire de Beni, est mort ce jeudi 2 janvier 2013, dans une embuscade dans un village appelé Ngadi, à quelques kilomètres de la ville de Beni. Selon des sources officielles[1], l'embuscade qui a couté la vie au colonel et à quelques membres de son escorte est le fait des rebelles ougandais de l'ADF-Nalu, que le colonel s'apprêtait à combattre. Mais, d'autres sources penchent sur la piste d'un assassinat commandité par ses frères d'armes[2].
 
La nouvelle de sa mort a occasionné un choc terrible dans la ville de Goma. Les habitants de Goma ont accueilli la novelle avec indignation, stupéfaction et colère. Une psychose terrible a régné dans la ville pendant toute la journée. Des folles rumeurs courent dans la ville sur la théorie du complot ou de la complicité de certaines autorités et/ou frères d’armes du feu colonel Mamadou. Quelques personnes sont descendues dans la rue et ont brulé des pneus sur les artères principales de la ville de Goma, avant d’être dispersées par la police et l’armée. Quelqu’un m’a confié que les rwandais et des congolais rwandophones de Goma seraient menacés, car des rumeurs attribueraient la responsabilité de la tragique mort de Mamadou aux militaires rwandophones issus de l’ex-CNDP et membre du régiment FARDC qui contrôlerait le village où la jeep du colonel a été attaquée. En tout cas, cet après midi, la ville de Goma était au bord de l’explosion[3].
Pour comprendre l’exaspération des habitants de Goma suite à la mort du colonel Mamadou Ndala, il faut revenir sur la guerre contre la rébellion du M23 dont Mamadou était le commandant des opérations.
1.      Le colonel Mamadou Ndala, champion de la guerre contre le M23 et héro des habitants de Goma, si pas de toute la RDC
 Avant le retrait du M23 de la ville de Goma qu’il avait prise aux FARDC en novembre 2012, le colonel Mamadou Ndala était inconnu des chroniques du conflit armé de l’est de la RDC. En décembre 2012, son unité, le 41e bataillon commando de réaction rapide (URR), est déployée à Goma pour sécuriser la ville abandonnée par le M23. La population de Goma découvre alors un jeune officier patriote[4] et déterminé à en découdre avec la rébellion. Très rapidement son unité en première ligne sur le front contre le M23 enregistre des victoires sur la rébellion, qui est finalement défaite militairement par l’armée congolaise appuyée par la brigade d’intervention de la MONUSCO.
Le colonel Mamadou, commandant des opérations contre le M23, est alors considéré non seulement comme le sauveur de Goma, mais comme le patriote et le héro qui a vaincu le M23 et restaurer la fierté du peuple congolais face au mythe de la suprématie de l’armée rwandaise qui opérait en RDC par le M23 interposé. Les habitants de Goma lui vouent une admiration messianique. Ses troupes bénéficient d’un soutien indéfectible de la population tout au long des combats contre le M23. Des taximan motards les accompagnent au front, leur apportent de l’eau et évacuent parfois des blessés. A chaque victoire, le colonel Mamadou ne sait pas se frayer un passage pour rentrer à Goma tellement des foules se massaientt sur les routes pour l’accueillir triomphalement.
En juillet 2013, Goma s’embrase : des motards, des étudiants, des épouses des militaires, … sont descendus dans la rue suite aux rumeurs faisant état du rappel du colonel Mamadou Ndala à Kinshasa[5]. Les autorités ont été obligées d’utiliser la force pour stopper les manifestants et de démentir officiellement le rappel du colonel. Goma n’a juré alors que par Mamadou pour en finir avec le M23 et lui a voué un soutien indéfectible. Et le colonel a été à la hauteur de la confiance des Gomatraciens ; le M23 a été défait.
La campagne contre le M23 terminée, Goma a un héro : Mamadou Moustapha Ndala. Lorsque Kabila arrive dans la ville, Mamadou doit s’éclipser au passage pour ne pas lui voler la vedette.
 
2.      Opération contre l’ADF-Nalu : Mamadou Ndala, un patriote qui défie fermement la rébellion ougandaise
Après la campagne contre le M23, le gouvernement de la RDC et la MONUSCO ont décidé d’anéantir tous les autres groupes armés du Nord-Kivu, dont des groupes armés étrangers : ADF-Nalu et FDLR. Ces groupes commettent des graves exactions contre les civils et constituent un vrai bâton dans les roues pour la consolidation de la paix dans l’est de la RDC. Récemment, une vingtaine des personnes ont été brutalement tuées par des membres de l’ADF-Nalu, un groupe armé ougandais actif dans le territoire de Beni au Nord-Kivu et proche des islamistes somalien d’Al Shabab. Face à la proximité de la menace des ADF-Nalu contre la population, c’est la colonel Mamadou Ndala qui est envoyé en opération pour les anéantir.
Pendant que le territoire de Beni était sur le point de découvrir les exploits de ce jeune et brave officier de l’armée congolaise, le colonel Mamadou Ndala a été lâchement tué par une roquette tirée sur sa jeep ce jeudi 2 janvier 2014. Les combats contre les ADF-Nalu n’avaient pas encore commencé comme tel, que l’armée, sous le commandement du colonel Mamadou, avait infligé aux rebelles quelques défaites[6]. Le colonel s’est fait le devoir de poursuivre jusqu’au dernier homme les ADF-Nalu et de les traduire en justice face aux exactions qu’ils commettent contre les civils[7].
3.      Mort loin de Goma, le colonel Mamadou est pleuré en digne fils par les habitants de Goma ; ils veulent un coupable …
La jeep du colonel Mamadou en feu
J’étais au centre ville de Goma lorsque la nouvelle sur la mort de Mamadou est tombée. Les gens se la murmuraient encore à l’oreille avant sa confirmation officielle. Dans un coin de Goma où l’ont vend des téléphones d’occasion, de passage j’ai ouï-dire les gens qui partageait la nouvelle : « c’est vrai, il est mort … Mais un coup pareil ne peut que résulter d’un complot impliquant la haute sphère politique et de l’armée … ». A quelques mètres de là, devant une alimentation, une femme m’a confié qu’elle venait acheter des provisions pour sa famille, car la nouvelle sur la mort de Mamadou risque d’entrainer des troubles dans la ville. Quelqu’un expliquait à un groupe des gens qu’au Rwanda ça doit être la fête car la bête noire des rwandais vient d’être éliminée, … En bref, des spéculations sur la mort de Mamadou étaient le principal sujet des conversations à Goma tout l’après midi de ce jeudi 2 janvier 2014.
 
Les gens à Goma pleurent Mamadou Ndala, mais se demandent surtout pourquoi il a été tué et qui l’a tué. Si officiellement ce sont les éléments de l’ADF-Nalu qui sont responsables, les rumeurs à Goma penchent tantôt sur la jalousie au sein de l’armée, tantôt sur l’exécution d’un ordre de Kinshasa, tantôt sur un plan de Kigali exécuté par ses agents qui ont infiltré l’armée. Des extrémistes s’en seraient pris aux rwandais et rwandophones. La police et l’armée étaient en alerte maximale ce jeudi pour empêcher des dérapages. En attendant peut être une enquête officielle, Goma elle aurait choisi (désigné)  ses coupables. Plaise au ciel que certaines ardeurs ne dérapent !
 
En attendant d'en savoir plus sur les circonstances de sa mort, personnellement, je rend hommage à cet homme qui incarne les valeurs de courage, de patriote et de leadership qui manquent encore aux congolais pour que la République en finisse avec le cycle des violences. Je prie aussi les habitants de Goma de ne pas se laisser emporter par la colère en évitant de culpabiliser sans fondement une catégorie des compatriotes, en l'occurence les rwandophones.


 
[4] Plusieurs officiers responsables des opérations contre le M23 étaient jusqu’alors issus des groupes armés dont l’ex-CNDP et étaient considérés comme des traitres de mèche avec le M23 et le Rwanda, et donc responsables de l’échec de l’armée contre la rébellion.
[5] http://radiookapi.net/actualite/2013/07/18/le-commandant-des-operations-des-fardc-goma-nest-pas-rappele-kinshasa-selon-julien-paluku/ . A Goma, les gens considéraient que certaines autorité à Kinshasa étaient derrière le M23 et ne voulaient pas en finir avec la guerre. D’où elles en voudraient à Mamadou qui avait affiché publiquement  et sur le front sa détermination à en finir avec la rébellion.
 

 

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